mercredi 22 juillet 2015

Rabelais en quelques traits

portrait de Rabelais à un âge mûrFormation culturelle

Les premières connaissances de Rabelais s’acquièrent dans un milieu monacal, chez les Cordeliers, des Franciscains qui privilégient l’action à la réflexion purement intellectuelle. Les Franciscains ont été les premiers réformateurs de l’Eglise, au Moyen Age : ils ont préconisé comme modèle la simplicité de vie du Christ contre les luxes ostentatoires aussi bien du monde séculier que religieux.

Ses jeunes années d’études lui font rejeter la scolastique sclérosée du XIVe siècle et le ramène à cette saine scolastique d’un Abélard (du XIIe siècle), quelque peu oubliée au début du XVIe siècle.

A la façon de François d’Assise, il s’intéresse à la condition humaine : cela le conduira à étudier et à pratiquer la médecine. La fréquentation d’hommes de loi, chez son père comme lors de sa vie de prêtre, lui donne un solide bagage juridique qui se retrouve à plusieurs reprises dans son œuvre.

Rabelais a une profession de foi : les sciences sont utiles à l’homme dans la mesure où elles lui permettent de progresser.

Redécouverte des auteurs antiques

La connaissance du grecconformisme » comme nous dirions de nos jours) et les vérités expérimentales.
et du latin provoque chez Rabelais une soif insatiable d’acquisition d’un vrai savoir : il questionne son temps et recherche des réponses qui peuvent se vérifier. Son œuvre est le miroir sociologique d’une société culturelle, écartelée entre les fausses certitudes (un certain «

Nécessité d’une culture encyclopédique

Cultivant un gai savoir, Rabelais refuse les œillères d’une spécialisation : l’homme curieux de cultures porte un regard large et synthétique sur l’ensemble des connaissances de son temps. Il s’agit de repousser les frontières de l’inconnu en acceptant qu’il y ait au final des terra incognita, ces champs de recherche qui restent à être prospectés et, il n’y a pas de mystère, il y en aura toujours...

gravure représentant Rabelais

Joie de la vie, joie de vivre

Bien des auteurs ou des philosophes ont ou ont eu la sagesse triste : Rabelais refuse un ascétisme physique ou intellectuel qui assèche les cœurs et les esprits ; Rabelais délivre la sagesse du rire. Plutôt que de corriger l’homme par de doctes déclarations, il utilise l’ironie, parfois mordante mais toujours décapante.

Il s’agit de travailler sérieusement en aiguisant l’intelligence par la curiosité intellectuelle toujours en éveil mais en sachant rire pour la bonne santé de l’âme comme du corps. 

Un NON vigoureux à toutes les routines

Rabelais mène une lute permanente dans ses écrits : ses cibles préférées sont les routines sociales, juridiques, médicales, intellectuelles, religieuses. Pourquoi ?

Rabelais n’est pas un sceptique, ni un contestataire systématique : sa volonté est d’aborder les vérités humaines sous leurs multiples facettes. Une recherche véritable de vérités ne peut pas se satisfaire de poncifs, surtout quand ils sont destructeurs.

En matière de religion, il ne lutte pas contre le christianisme mais il stigmatise les pratiques superstitieuses, ce que la Sorbonne n’a pas compris et ce qui a motivé la condamnation, par cette dernière, de l’œuvre de Rabelais. Son souhait est de retrouver le christianisme des origines, celui des Evangiles, sans les scories accumulées  par l’ignorance de certains membres du clergé. L’homme de Foi doit retrouver les Evangiles, non des préceptes creux de quelques sorbonagres ou sorbonicoles, et le philosophe, les sciences expérimentales et non les élucubrations de faux-sachants, ces charlatans que l’on retrouve dans tous les temps.

Rabelais ne propose pas l’anarchie : il souhaite une société vivant en fraternité, et non en vaines chamailleries,  où chaque homme, attaché à son pays, trouve sa place en vivant en harmonie avec soi-même et avec les autres.  L’homme ne vit pas seul mais en société.

Plaisir du verbe

La langue française brille de toutes ses facettes dans l’œuvre de Rabelais qui cultive avec passion l’amour du verbe. Il est ainsi le continuateur de ces multiples auteurs des Carmina Burana qui ont inspiré plus d’un chant se retrouvant dans les chansonniers de Carabins de nos jours : longue tradition du rire médiéval dont Rabelais nous livre les meilleures échos. Néologismes, mots savants, mots populaires, mots argotiques, patois locaux : tout est prétexte pour notre auteur, ivre de mots, à de véritables acrobaties verbales. Cette pratique ne rend pas toujours facile sa lecture. Si vous manquez quelques « sauts verbaux», ce n’est pas grave : laissez-vous entraîner par la dynamique du verbe et surtout de l’idée.  

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